Je me suis intéressé à la ville de Boucau par sa particularité géographique qui m’a intrigué.
Pourquoi ?
La ville est située de l’autre côté de l’Adour et se trouve frontalière de Tarnos qui est dans les Landes… Pourtant Boucau est bien dans les Pyrénées-Atlantiques alors que tout porte à croire qu’elle est rattachée aux Landes.
L’émergence de Boucau…
Trois années après l’arrivée du chemin de fer à Bayonne, en 1857, Napoléon III décide par décret de créer la commune de Boucau en annexant deux quartiers de Tarnos : le quartier bas, également appelé Boucau, et le quartier haut, nommé Romatet.
Sur le plan historique et culturel, Boucau est intégré à la province du Labourd, l’une des sept subdivisions constituant le Pays basque. Le Labourd est traversé par la vallée alluviale de la Nive et regroupe certains des villages les plus pittoresques du Pays basque. Depuis 1999, l’Académie de la langue basque, ou Euskalzaindia, a divisé le Labourd en six zones distinctes.
La commune se situe dans la zone Baiona-Angelu-Biarritz (Bayonne-Anglet-Biarritz), au nord-ouest de ce territoire, en bordure de l’océan Atlantique.
Le nom « Boucau » trouve son origine dans le gascon « boucaou », signifiant « petite bouche », terme utilisé pour désigner l’embouchure de l’Adour dès 1578.
Les Forges de l’Adour…
La survie du port était autrefois assurée tant bien que mal par des dockers qui travaillaient durement, transportant des corbeilles et des sacs sur leur cou et leur dos. Mais dès 1880, l’implantation des Forges de l’Adour a considérablement dynamisé l’activité portuaire, marquant le début de nombreux conflits sociaux qui ont façonné l’histoire de la ville. Cette épopée industrielle s’est terminée en 1965.
L’Adour symbole d’une frontière ou du lien entre Boucau et Bayonne ?
À l’ordre du roi Charles IX en 1562, des efforts sont entrepris pour canaliser le fleuve et lui donner une sortie à Bayonne. Les travaux, débutés pour creuser un chenal direct depuis la ville jusqu’à la mer, sont confiés à l’ingénieur Louis de Foix le 8 février 1571, en raison de leur complexité.
Le creusement du chenal à travers les dunes de sable vers l’Atlantique est rapidement achevé, accompagné de la construction d’un barrage et d’un nouveau port à Trossoat, à trois kilomètres de Bayonne, là où le fleuve prenait alors une direction nord abrupte.
Sous le règne d’Henri III, les travaux se poursuivent avec la construction d’une solide charpente pour soutenir la pression du fleuve, composée de trois rangées d’arbres renforcés et enfoncés profondément dans le sol. Un canal de 900 toises de long (environ 1 800 mètres) et de 12 mètres de large est également prévu pour rejoindre l’océan.
Le barrage initial est rapidement remplacé par une muraille de pierre robuste, constituant le cœur du nouveau port de Bayonne. Malgré les difficultés rencontrées, notamment l’opposition des habitants de Capbreton et de Boucau, les travaux progressent.
Une violente tempête finit par régler la situation : une crue soudaine de la Nive menace d’inonder toute la ville de Bayonne, mais, de manière surprenante, pousse l’Adour, ouvrant ainsi le nouveau passage vers l’océan. C’est le 25 octobre 1578 que Louis de Foix parvient à réaliser ce « détournement » de l’Adour.
La ville de Boucau n’est pas la seule à devoir se couper en deux…
Esquiule est un village souletin, associé historique à la culture basque. Pourtant il se trouve historiquement en Béarn. Si le 23 janvier 1796, la population a réclamé par référendum son rattachement au canton basque de Barcus, cela ne lui a pas été concédé…
Depuis 2017, elle fait partie de la Communauté d’Agglomération Pays Basque portant le nombre de communes contenues dans ce nouveau territoire à 158.
Aujourd’hui Boucau est une ville facile d’accès. Elle dispose d’une gare TER (ligne Hendaye-Bordeaux) et bénéficie du réseau Txik Txak avec notamment le Tram’Bus et les bus.
Mais au final quel est son rapport avec le pays basque aujourd’hui ?
Je remercie monsieur le maire du Boucau, Francis Gonzalez, d’avoir répondu à ma sollicitation et qui a conclu notre conversation en m’expliquant qu’une frontière administrative ne détermine pas une frontière culturelle…