Les pastorales ou l’art de conter le Pays basque

Forme de théâtre ancien aux origines inconnues, la pastorale, pastorala en basque, est un spectacle populaire souletin mêlant théâtre, danse et chant en langue basque. Rencontre avec Pantxika Urruty, errejent (metteur en scène) de la pastorale Inesa De Gaxen, laquelle sera, pour la première fois, interprétée en basque et en gascon.  

« Les pastorales ont traversé les âges, elles ont été particulièrement sauvegardées en Soule, mais il y a eu des représentations partout au Pays basque », explique Pantxika Urruty. Les pastorales abordent l’histoire d’un personnage connu ou inconnu d’un village ou bien d’une période : « L’auteur effectue des recherches et raconte l’histoire au travers de versets (bertset, en basque) chantés et déclamés sur une mélodie », précise l’errejent. La pastorale est une pièce de théâtre codifiée : « On distingue deux groupes : les adversaires en rouge et les protagonistes, en vert ou en bleu. Il y a encore une dizaine d’années, les Turcs étaient représentés en rouge et les Chrétiens en bleu. On les différencie grâce à leurs costumes. » Quant au bâton, il a un rôle prépondérant dans la pièce : « Dans toutes les pastorales, aussi loin qu’il y a des témoignages, le bâton est présent. Il porte un ruban rouge ou bleu selon l’appartenance à un groupe ou à un autre. Le makila marque le pas, le rythme, et permet de montrer la colère lorsque les acteurs en rouge jouent de celui-ci. » Le bâton devient alors épée et symbolise la lutte. 

La pastorale a la particularité de regrouper plusieurs disciplines : le chant, la musique, la danse, les costumes et, le plus important selon la metteuse en scène, le texte. En effet, l’écrivain ou l’écrivaine s’efforce de rester fidèle à l’histoire à travers ses mots mis en rimes. Quant à l’errejent, élément-clé de la pièce, il ou elle coordonne l’ensemble pour en faire un spectacle.  

Une organisation millimétrée

Patnxika Urruty, native de Barcus, a littéralement baigné dans la culture pastorale. Elle a, par ailleurs, participé à la première pastorale de femmes, Ximena, jouée en 1979, à Tardets.  De cette première représentation est née une véritable passion qui n’a jamais faibli. En effet, Pantxika Urruty poursuit, à travers les pastorales qu’elle met en scène, trois objectifs qui lui tiennent particulièrement à cœur : créer du lien entre les personnes autour de la pièce afin qu’elles puissent collaborer ensemble, raconter une histoire et mettre en avant l’euskara : « Si j’arrive à donner envie aux gens d’apprendre et de pratiquer le basque, alors j’ai tout gagné. »

La pastorale Inesa De Gaxen, écrite par Itxaro Borda, retrace la vie d’une jeune femme originaire de La Bastide-Clairence, accusée de sorcellerie par le Seigneur d’Urtubie. Il s’agit de la cinquième pastorale mise en scène par Pantxika : « Cela représente 103 acteurs, 17 musiciens, une dizaine de couturières, sans compter les petites mains. Tout est très bien organisé.»  Pantxika Urruty entraîne dans cette aventure pas moins de 200 à 300 personnes convaincues d’avoir participé à une expérience incroyable : « C’est quelque chose qu’on garde en soi pour la vie, c’est un travail collectif énorme, donc c’est fabuleux. » Et pour faire se côtoyer à nouveau les langues basque et gasconne, Itxaro Borda et Pantxika Urruty se sont entourées d’Yvan Bareyre, figure incontournable du pays charnégou (xarnegu en basque, sharnèga en gascon) et de Peio Dibon-Elissiry, généalogiste familial, qui maîtrise les deux langues.

Quatre dates de représentations sont à venir

Les 15 et 16 juin prochains sur la place de La Bastide-Clairence à partir de 14h30 (défilé dans le village prévu à 11h), puis les 21 et 22 septembre à Bardos (sur le terrain de rugby).

Pour toutes informations

Billeterie : https://www.helloasso.com/associations/xarnegu-pastorala-sharnega
Page Facebook : Inesa De Gaxen Pastorala
Instagram : Inesa de Gaxen