Liza Bergara est la 7ème génération d’artisans fabricants de makilas (makilak en basque) à Larressore. Bâton de tous les Basques, il est le fruit d’un savoir-faire ancestral que la jeune femme entend bien préserver. La famille Bergara cultive son propre bois de néflier, ceci afin de maîtriser le processus de fabrication du précieux objet dans son intégralité.
« Dans notre famille, la fabrication du makila remonterait à 1780. C’est un peu comme son origine, on ne sait finalement pas grand-chose, car il y a peu d’écrits », explique Liza Bergara. La jeune artisane tient également à souligner la place des femmes au sein de son illustre famille : « sur 7 générations, il y a eu 3 générations de femmes, dont une dans les années 20, ce qui pour l’époque était plutôt original ! »
Conserver à tout prix le savoir-faire ancestral
Autrefois tisserands et fabricants de makilas, la famille Ainciart Bergara abandonne finalement le tissage pour se consacrer à la fabrication du makila : « quand le tissage industriel s’est mis en place avec les machines modernes, nous avons abandonné cette activité », raconte Liza Bergara. Cela en dit long sur l’ADN de l’entreprise familiale : tout faire à la main, ne rien mécaniser, procéder uniquement par des adaptations minimes n’enlevant rien au savoir-faire originel : « je travaille avec un outillage plutôt moderne qui va envoyer de l’air dans mon burin pour la gravure, mais sans ma main, rien n’est possible », précise la jeune entrepreneure.
L’idée est donc de conserver cette indépendance au maximum : « ainsi, on peut toujours fonctionner, car nous n’avons pas à gérer de problèmes liés aux événements que nous ne maîtrisons pas. » C’est pourquoi l’arrière-grand-père de Liza a acheté une parcelle sur laquelle il a planté des néfliers : « nous devions être sûrs d’avoir du bois, parce que c’est la matière la plus importante pour fabriquer le makila », explique la jeune femme. Et pour cause, pour fabriquer un makila traditionnel, il est nécessaire de laisser au bois une dizaine d’années pour pousser et dix de plus pour sécher : « si on veut vraiment faire les choses dans les règles de l’art, nous devons gérer le bois nous-mêmes, car si nous l’achetons à quelqu’un, nous ne pouvons pas être certains que le bois aura bien séché dix ans. »
Ce qui est primordial pour la famille Bergara, c’est cette volonté de ne rien industrialiser, de sorte que chaque génération transmette les savoir-faire qu’elle a reçus en l’état : « cela fait 7 générations que nous fabriquons des makilas traditionnels, quel objet et quels savoir-faire aurions-nous réussi à conserver si nous avions fait des compromis ? » interroge Liza, et d’ajouter : « nous sommes un atelier de tradition avec des codes, donc il faut trouver le juste équilibre entre avoir des idées et respecter les traditions. »
À l’atelier, 11 personnes s’activent chaque jour pour honorer les commandes qui ne faiblissent pas ! Elodie s’occupe du pommeau qui prend place sur le makila. Elle découpe le métal, le brase puis dessine les dents. Liza grave les initiales, met la devise, le nom et le prénom, tandis que Laurence travaille le cuir. Il faut savoir qu’un makila passe toujours entre les mains de 4 personnes et représente environ 2 à 3 jours de travail. Le makila de la famille Bergara détient le label EPV qui valorise les savoir-faire d’excellence, seul label d’état qui a mis en place cette valorisation.
Mariage, départ en retraite, thèse de doctorat, les occasions d’offrir un makhila ne manquent pas : « il y a autant d’histoires que de makilas, parfois cet amour pour l’objet et ce qu’il représente pour les familles nous dépasse un peu », s’émeut l’artisane.
Plus qu’un savoir-faire, la famille Bergara partage un état d’esprit : « notre métier est un engagement, celui de respecter la tradition et de ne pas trahir ce que nous ont légué les anciens. Nous fabriquons le makila comme s’il allait servir tous les jours pour emmener son propriétaire au loin. »
Makhila Ainciart Bergara (Makila)
75 Plazako bidea, 64480 Larressore
05 59 93 03 05
Site web : makhila.com
Insta : @makhila_ainciart_bergara
4 Responses
Merci, chère famille Bergara, pour votre art inimitable…
Bien loin, hélas, de mon cher Pays-Basque, je ne me déplace jamais sans le magnifique Makhila que mes enfants m’ont offert, il y a plusieurs années, à l’occasion de mon anniversaire…
Sachez, de plus, qu’il est couché sur mon testament car je sais auquel de mes petits-enfants je souhaite léguer ce bien qui m’est si précieux.
Bien amicalement.
Stéphane A.
Je voudrais commander un makita que faut il fair
Vous rendre sur place ou commander depuis le site https://makhila.com/commander-makhila/
Magnifique article sur un art traditionnel et un savoir faire unique!
Le tressage du cuir et les incisions sur le néflier!
Mon mari avait son makila de cette famille attendu 7 ans durant lesquels l’arbuste poussait !
Bravo de perpétuer et faire connaître ce savoir