On ne connaît finalement de la force basque que quelques disciplines populaires, à l’image du tir à la corde ou du lever de pierre. La force basque regroupe pourtant plusieurs disciplines issues, entre autres, des travaux agricoles. Et qui de mieux pour évoquer les sports traditionnels basques que Sébastien Marticorena, champion invaincu depuis douze ans ?

Les jeux traditionnels basques (herri kirrolak) sont apparus il y a plusieurs siècles. À l’époque, les jeunes basques issus des fermes, des métiers du bâtiment (cathédrales et monastères) ou de la forêt (bûcherons) se mesurent les uns aux autres. Ces travaux collectifs sont ainsi l’occasion d’évaluer la rapidité d’exécution des tâches ou la levée de charges lourdes. Peu à peu, ces épreuves, codifiées et normalisées au cours de la première moitié du XXème siècle, donnent lieu à des démonstrations les dimanches, tandis que le travail à la ferme se mécanise de plus en plus. Ainsi, sont apparus les aizkolariak (bûcherons) qui travaillent à la hache ou arpanariak, les scieurs au passe-partout.

Notons que l’expression « force basque », quant à elle, a été inventée par Guy Lux, de passage au Pays basque dans les années 60. Le producteur et animateur se serait d’ailleurs largement inspiré des jeux traditionnels basques pour la création de son célèbre programme Intervilles. Aujourd’hui, les sports traditionnels basques se pratiquent lors de compétitions, appelées « galas » ou « festivals », un concept né en 1951, en Iparralde, lors de la fête paroissiale de Saint-Palais.

Force basque : quid des épreuves
Si les jeux traditionnels basques sont indubitablement des épreuves de force, ils sont aussi et surtout des jeux de réflexion et d’adresse : « Il n’y a pas de critère physique pour faire de la force basque, le gabarit ne compte pas, ce qu’il faut c’est comprendre comment lever, comment acquérir cette gymnastique et comment être efficace. Concrètement, il s’agit de comprendre le geste et la technique », explique Sébastien Marticorena.
Parmi les épreuves les plus connues, le soka-tira, qui a vu le jour au début du XXème siècle. Cette discipline consiste à amener l’équipe adverse, par traction, dans son camp sur une distance de 4 mètres. Autre épreuve, le jeter de paille ! Il s’agit de jeter un ballot de paille de 12,5 kg, par paliers. Cela commence à 4m40 mètres, puis l’athlète doit monter de 10 cm à chaque fois. Le lever d’enclume, quant à lui, consiste à lever à bout de bras, un maximum de fois, une enclume de 18 kg en 90 secondes : « Ces épreuves sont en perte de vitesse autant en Iparralde qu’en Hegoalde, ce sont des jeux qui se perdent un peu », regrette Sébastien.
Le lever de poulie s’effectue avec un ballot de 45 kg. Concrètement, l’athlète a 2 minutes pour réaliser un maximum de levers, puis atteindre une plaque métallique qui se trouve à 7 mètres de haut. Parmi les autres épreuves, on retrouve la course des épis de maïs (buskail biltzea) : « Cette épreuve est très physique, très cardiaque ! », précise le champion.
Viennent ensuite les épreuves des bidons (esneketarien lasterketa) lors desquelles les concurrents doivent transporter deux txingas (bidons de lait) de 41 kg chacun jusqu’à épuisement. Enfin, parmi les jeux les plus connus, citons également le lever de charrettes (orga joko). Dans cette épreuve, les concurrents doivent faire pivoter autant de fois que possible une charrette de 350 kg autour de son timon, sans la poser. Le poids ainsi porté avoisine les 200 kg.

Des jeux ouverts à la jeune génération
Sébastien Marticorena a débuté les jeux traditionnels basques sur le tard, à l’âge de 30 ans. L’athlète, âgé aujourd’hui de 50 ans, poursuit depuis un parcours sportif brillant avec persévérance et humilité : « Quand je me suis essayé au lever de pierre, j’ai pris conscience de la complexité de ce sport qui demande adresse et réflexion. Il faut également réfléchir à la façon dont on peut s’économiser physiquement. »
L’athlète réalise sa meilleure performance en 2011 avec 30 levers en 2 minutes, ce qui lui vaut de remporter le championnat d’Iparralde de leveurs de pierres cette année-là. Grâce à cela, il réalise également une belle performance au championnat des sept provinces, organisé le deuxième week-end de septembre.
Avec l’association Herri Kirrolak d’Hendaye, les athlètes ont concouru à Paris, mais par ailleurs au Portugal, en Espagne et en Italie : « C’est intéressant de voir d’autres jeux traditionnels. Les rencontres sont enrichissantes et il y a un bon état d’esprit. » explique le champion. Les femmes s’y mettent par ailleurs : « Elles viennent deux fois par semaine au club. Elles pratiquent le lever d’enclume, la scie passe-partout, le lever de pierre. Elles portent 25 kg dans chaque bras. »
Cependant, Sébastien Marticorena a un souhait, que ces sports attirent de plus en plus de jeunes « pour se tirer la bourre ! » dit-il.
Les sports traditionnels basques se pratiquent dès l’âge de 13 ans avec des poids adaptés à chacun : idéal pour développer sa confiance en soi.
Alors, qui est prêt à se mesurer au champion de force basque ?
Pour connaître les dates des représentations des jeux traditionnels basques, rendez-vous sur la page Instagram et le compte Facebook du club !
Pour tout renseignement ou demande d’inscription, contactez l’association.
Association Herri Kirolari Bai
19, rue de l’Industrie
64700 Hendaye
Tél (Sébastien Marticorena) : 06 79 22 05 64