Ce 31 octobre, je me suis rendu à Urrugne pour assister à Gau Beltza, « la Nuit Noire », et je peux déjà te dire que j’ai été totalement conquis. Le programme avait tout pour plaire : des danses basques, des chants autour d’un grand feu, le son envoûtant de la Txalaparta, un spectacle musical et pyrotechnique.



D’où vient cette Nuit Noire ?
Pour bien comprendre l’esprit de la Gau Beltza, il faut savoir que cette fête plonge ses racines dans la mythologie basque et les traditions ancestrales. Ce n’est pas juste une soirée déguisée. Elle symbolise la transition naturelle entre le monde des vivants et celui des défunts, le passage de l’automne à l’hiver et la fin des récoltes. C’est avant tout un hommage aux ancêtres.
Autrefois, on creusait des légumes comme des courges ou des betteraves pour y mettre des lumières. Elles servaient de lanternes pour guider les âmes et éloigner les mauvais esprits, une coutume très ancienne. Participer à la Gau Beltza, c’est donc plus qu’une fête, c’est se reconnecter à l’histoire et aux valeurs profondes de notre culture.
De plus en plus de communes organisent cette même célébration le 31 octobre, désignée localement sous le nom d’Arimen Gaua « la Nuit des Âmes », qui fait référence à la même fête traditionnelle que la Gau Beltza.



Jadis disparue, la tradition de la Gau Beltza a connu une résurgence significative au Pays basque sud (Hegoalde), agissant comme un véritable laboratoire de sa réactivation contemporaine. Grâce à l’action des municipalités et des associations, des villes telles que Getaria, Mutriku, ou même Vitoria-Gasteiz, ont relancé cette coutume en valorisant son caractère rural et en proposant de multiples activités pour les enfants. Ce succès a démontré qu’une fête locale, profondément ancrée dans la mythologie basque, pouvait rivaliser avec l’attractivité des modèles festifs mondiaux.
Ce succès a généré un transfert de légitimité vers Iparralde (Pays basque nord) : désormais, des communes comme Hendaye, Urrugne, Ascain, Ordiarp et Cambo ont rejoint ce mouvement de réappropriation festive et culturelle. Je le dis souvent au Pays basque, on ne fait pas les choses comme ailleurs 😉
Une ambiance conviviale
L’atmosphère à Urrugne était vraiment exceptionnelle, avec un charme qui rappelle les meilleures fêtes de village. C’est un événement pensé pour les enfants (avec des ateliers et des contes, des initiations aux danses basques), mais il rassemble absolument tout le monde. L’ambiance est très chaleureuse et pleine d’énergie, les sourires sont partout.




Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’esprit des déguisements. Les gens portent des costumes sombres que tu peux facilement réaliser chez toi, avec peu de moyens.
On est loin des costumes standardisés. Ici, la créativité est de mise, pour certains, l’inspiration se trouve dans les costumes existants du carnaval traditionnel des différentes contrés du Territoire.
Le défilé, suivi par les danses collectives autour du feu sur la place de la Mairie, crée un souvenir mémorable. C’est une ambiance que tu ne trouveras nulle part ailleurs.
La pluie s’est invitée, le feu n’a pas pu être mis en place, mais cela n’a rien gâché de l’événement.



Une culture vivante
Souvent, on oppose Gau Beltza à Halloween, mais je pense que les deux peuvent cohabiter. La grande différence, si je prends l’exemple d’Urrugne, c’est que Gau Beltza est organisé par des acteurs locaux passionnés, l’association Berttoli fait appel à d’autres associations comme Hazia Elkartea, le comité des fêtes et le groupe de danses basques « Airoski » sans oublier certains services de la mairie. Leur objectif est de faire vivre et de diffuser la culture basque. On met l’accent sur nos traditions (Txalaparta, chants, les danses) et le rassemblement communautaire.
Si Halloween est une fête largement mondialisée et très axée sur l’aspect commercial, Gau Beltza propose une immersion culturelle. Je suis prêt à mettre ma main au feu que d’ici à quelques années, cette « nuit noire » verra son flambeau s’allumer dans de nombreux autres villes et villages.
Je te conseille vivement de vivre cette expérience pour la comprendre.
Une réponse
Très heureuse de cette réappropriation de nos cultures .