Itsas Bellara, le bateau qui traque les déchets au large de la côte basque

Chaque année, de mai à septembre, Arnaud Clavier et son équipe sillonnent les eaux du Pays basque, à bord de l’Itsas Bellara, entre Anglet et Hendaye, pour collecter des tonnes de déchets rejetés en mer. Si les volumes ont légèrement diminué ces dernières années, l’ampleur du phénomène reste préoccupante, soulignant l’urgence d’agir pour préserver nos océans.

Depuis plus de dix ans, Arnaud Clavier sillonne la Côte basque, entre Anglet et Hendaye, pour collecter les déchets marins. Un engagement qui a commencé en 2011, dans le sillage de son père : « J’ai grandi au Pays basque et j’ai vu l’état des plages dans ma jeunesse. Ça me faisait plaisir d’agir pour un meilleur environnement », explique-t-il simplement. À partir de 2013, il prend la barre du bateau et, dès 2015, il se retrouve seul à gérer les opérations.

Ramasser les déchets en mer : l’engagement d’Arnaud Clavier sur la côte basque

Chaque journée commence à 6h30. L’équipe, composée de quatre marins, part à la recherche des déchets, uniquement par observation visuelle : « On n’a pas d’autre moyen que de regarder », précise Arnaud. Leur méthode est bien rodée : ils ciblent les lignes de courant, véritables « routes sur l’eau » où les déchets s’accumulent. Un chalut flottant est déployé sur le côté du bateau pour collecter les débris.

Les déchets sont variés, mais un constat revient : « Il y a énormément d’emballages plastiques de petits formats, ça se décompose en plein de petits plastiques, on en ramasse énormément. » À cela s’ajoutent des plastiques plus volumineux et des déchets d’origine marine reconnaissables à leurs couleurs vives. Le courant de la Nivelle et de l’Adour charrie un mélange de plastiques et de bois, tandis que les courants du large apportent des « vieux plastiques » dégradés par le temps.

L’équipage sort sept jours sur sept, mais seulement si la météo le permet. « Au-delà de 4 beauforts* d’ouest, on évite de sortir, car il y a un risque d’immobilisation si un déchet se prend dans l’hélice. On ne prend pas de risques inutiles. » Leur zone d’intervention couvre les trois miles nautiques au large, de l’Adour à Hendaye. « On travaille beaucoup devant l’Adour, mais ce sont souvent des déchets naturels, comme du bois ou des feuilles. Les courants peuvent amener des déchets un peu partout. » Arnaud note aussi des changements : « Avant, on retrouvait souvent des déchets venant d’Espagne, mais les courants d’ouest sont moins fréquents depuis quelques années. »

Les quantités ramassées varient d’année en année.

Le record remonte à 2008 avec 27 tonnes, dont 17 tonnes de plastique et 10 tonnes de bois. Ces dernières années, les volumes se situent entre 8 et 14 tonnes. Arnaud observe une baisse : « C’est vrai qu’on ramasse moins, mais ça dépend beaucoup des courants. Ce qui ne vient pas chez nous va ailleurs. » La sensibilisation progresse. « On voit moins de bouteilles d’eau qu’avant, c’est un bon signe », souligne Arnaud. Mais il reste lucide : « Il y a encore des gens qui n’en ont rien à faire. Une partie de la population reste inattentive. » Son message est clair : « Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’il y a en mer. Il faudrait ouvrir les yeux, surtout sur les micro-déchets qui sont très compliqués à ramasser. Il faut une véritable prise de conscience générale. »

Arnaud est missionné par le syndicat mixte Kosta Garbia, l’emploi étant lié à un appel d’offres public renouvelé tous les deux ans. Depuis 2003, l’activité a permis de collecter environ 200 tonnes de déchets cumulés.

Quid des déchets les plus insolites ? Des matelas entiers, des portes, des frigos ou des roues de voiture : « C’est hallucinant ce que les gens jettent. » Pour Arnaud, le constat est clair : « On peut continuer à ramasser, mais si on ne réduit pas la production de déchets à la source, ça ne changera pas grand-chose. » Malgré des baisses locales, les volumes de déchets déversés chaque jour dans les océans restent colossaux. Son engagement est intact, mais la solution, il le sait, doit venir de tous.

*L’échelle de Beaufort est un système de mesure qui permet d’estimer la force du vent sur une échelle de 0 à 12, en fonction de la vitesse moyenne observée sur une période de dix minutes.

Arnaud Clavier
Itsas Bellara, Port de Saint-Jean-de-Luz
Tel. 06 75 98 99 53
Instagram : Itsas bellara

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