Les hirondelles de Mauléon

C’est l’histoire des femmes de Navarre et d’Aragon, surnommées les hirondelles (Golondrinas en espagnol, Ainarak en basque), qui émigraient à Mauléon pour travailler dans les usines d’espadrilles entre  1870 à 1940. 

Leur histoire est marquée par le courage, la résilience et la solidarité, elles ont contribué à façonner une communauté prospère à Mauléon tout en soutenant leur famille dans leurs villages d’origine.

Dans la région de Mauléon, l’industrie textile se distingue depuis des décennies. Linge basque et espadrilles tissent leur destinée.

Tout commence à une époque où un déclin se fait ressentir dans le monde, en raison de la grande dépression, de la première guerre mondiale, de l’instabilité politique, de l’effondrement des empires coloniaux, des difficultés économiques dans certains secteurs industriels et des conflits mondiaux. 

Malgré ce contexte morose, c’est l’engouement pour les espadrilles, des chaussures légères, confortables et populaires à l’époque, répondant aux besoins des travailleurs et des ruraux.  Par exemple, dans les mines du nord de la France, chaque mineur se voyait attribuer une paire d’espadrilles par semaine.
Cette demande croissante a entraîné une expansion de la production à Mauléon.

Le climat économique morose dans la campagne basque a motivé de nombreux artisans à émigrer vers l’Amérique. Les usines de Mauléon  étaient à la recherche d’une main-d’œuvre qualifiée, la main-d’œuvre espagnole a donc été sollicitée, les ouvrières quittaient leurs villages des vallées de Hecho, Anso, du Roncal ou de Navarre.

Mais pourquoi les appelait-on “les hirondelles” ?

Leur habitude de venir et de repartir toutes en même temps leur a valu le surnom d’Hirondelles par analogie avec l’oiseau annonciateur du printemps, mais aussi par le costume traditionnel noir de l’époque qu’elles portaient.

Ces vaillantes ouvrières ont traversé les montagnes pyrénéennes à pied pour rejoindre Mauléon, travailler sans relâche, perpétuant une migration saisonnière. 

Pendant près d’un siècle, les femmes gravissaient le col pyrénéen d’Arrakogoiti (1 418 m à son point culminant) 

Elles faisaient un arrêt au refuge de Juan Pito, un berger local connu pour son hospitalité légendaire. 

Petite anecdote, désormais le refuge de Juan Pito est une Benta, vous pouvez y déguster des Migas del Pastor. Les mêmes qu’elles mangeaient avant de traverser les Pyrénées.
Un plat de berger préparé avec du pain sec, du lard, du gras d’agneau, du chorizo ​​​​et de l’ail (il existe d’autres variantes).

Le départ des hirondelles et la commémoration de leur héritage

Dans les années 1930, la crise économique a mis fin au mouvement migratoire des hirondelles. L’espadrille traditionnelle fut confrontée à la concurrence et se transforma en une chaussure moderne et élégante, appréciée par son confort et son style.

Certaines hirondelles décidèrent de rester et de construire leur nid au Pays basque. 

Elles occupent une place spéciale dans le cœur des habitants de Mauléon. Leur présence a tissé des liens durables entre les vallées et les nations… 

Les photos proviennent de Ikerzaleak de Mauléon. Cette association culturelle réalise un travail d’orfèvre par son travail exceptionnel de préservation et de promotion du patrimoine de la province de Soule. 

Tu peux jeter un coup d’œil à leurs travaux par ici : https://ikerzaleak.org