Claude Iruretagoyena de la compagnie Maritzuli à Biarritz

L’histoire du Carnaval c’est avant tout une histoire de costumes. Si beaucoup perdent de vue les traditions, le Pays basque reste lui attaché à ses codes et ses coutumes ancestrales.
C’est à travers les fameux costumes de cette cérémonie annuelle que nous allons en découvrir certains codes.
Les couleurs, les broderies, les formes, les coupes, rien n’est dû au hasard. Chaque détail a du sens, chaque galon une fonction, chaque broderie raconte une histoire, et chaque couleur est porteuse d’un symbole.

Le carnaval est une occasion de choix pour renouer avec notre passé. 

Nous avons eu la chance de rencontrer Claude Iruretagoyena dans son atelier, entouré de plusieurs milliers de costumes traditionnels qu’il a imaginés et confectionnés. C’est au fil du temps, qu’il a petit à petit constitué cette collection impressionnante de créations. Des costumes qui ont vu le jour en fonction des besoins thématiques, notamment des spectacles de danse qu’il a également créés. Car Monsieur Iruretagoyena a commencé par la danse qu’il a pratiquée, enseignée, puis mis en scène. La création des costumes est donc la suite logique de ce parcours dicté par la passion. C’est en 1996, qu’il donne naissance à la compagnie Maritzuli, une association qui contribue à la sauvegarde et la transmission de la culture basque, tant en ce qui concerne la danse que la création des costumes. Il créé alors son premier spectacle sous le nom d’Ixtorio Mixtorio dont il est directeur artistique, chorégraphe, danseur et costumier. 

Depuis 28 ans, la Compagnie Maritzuli, diversifie sans cesse son travail pour promouvoir le patrimoine culturel Basque.

Vous l’aurez compris, Claude Iruretagoyena s’est donné pour mission de véhiculer au plus grand nombre le sens profond de toutes ces traditions. Véritable mémoire vivante des costumes traditionnels, il sait nous expliquer et décoder chacun des grands moments festifs de la vie au Pays Basque.
Les époques ont changé et les besoins ne sont plus les mêmes, si nous avons aujourd’hui perdu le sens profond de toutes ces célébrations, il nous rappelle que derrière chaque masque, chaque broderie, ou couleur se « cache » un rite, une croyance, ou une volonté particulière liée aux besoins de l’époque. 

Ce qu’il nous explique immédiatement, c’est que le Carnaval au sens historique du terme concerne une époque entière de l’année. Celle-ci commençait dès le mois de novembre pour se terminer en apothéose par mardi gras et ses grandes cérémonies une fois la lumière revenue. Le carnaval englobait donc tout l’hiver. En effet, la plupart des cérémonies festives avaient lieu à cette période, quand la lumière disparaissait. 

Vécues comme des célébrations de renaissance, elles symbolisent le passage de l’obscurité à la lumière. Elles étaient un moyen de se donner du courage ou d’invoquer sa foi pour faire revenir cette lumière. L’été était lui consacré à bien d’autres occupations que les Mascarades !

Mais alors pourquoi se déguise-t-on à Carnaval ?

Au-delà du folklore actuel, les trois grands symboles du carnaval traditionnel sont les suivants :

– La lumière. Vous aurez compris que le retour de la lumière est LA raison principale historique de la tenue de toutes ces célébrations. Mise en scène de différentes façons, le costume est porteur de symboles qui vont permettre de réfléchir la moindre lueur d’espoir ! C’est ainsi que l’on retrouve des miroirs, des morceaux métalliques, du blanc, la couleur par excellence qui réfléchit la lumière, des accessoires comme des lanternes, des courges creusées. Le costume est ici un accessoire privilégié au service du renouveau.

– Le bruit est le second symbole que l’on retrouvait partout dans les fêtes de Carnaval. Avec pour but de réveiller la nature, les animaux ainsi que les hommes. Les cloches, les sonnailles, les danses de bâtons, un rituel permettant de faire du bruit ainsi que des vibrations étaient extrêmement populaires.

– La couleur pour ce troisième symbole était nécessaire à l’éclosion du renouveau.  Ainsi, les costumes se retrouvent ornés de fleurs, de fruits, d’éléments végétaux. Des flots de rubans, des pompons. Le costume est ici un moyen de se placer en modèle pour que la nature imite l’homme !

C’est ainsi que dans le carnaval traditionnel, L’ours, qui sort de l’hibernation, est accompagné par des personnages lumineux, colorés, faisant du bruit, pour donner vie à cette croyance populaire que les hommes invoquent la nature et les éléments pour faire revenir l’été. Ce rituel a pour vocation d’inciter le renouvellement des saisons.

La lecture d’un costume traditionnel est beaucoup plus compréhensible après que Claude nous en ait expliqué les codes. Il prend tout son sens en comprenant les réels besoins de l’époque. Il est plaisant de constater que les traditions perdurent et que le folklore actuel n’a pas complètement fait disparaître les particularités et l’histoire d’un temps qui n’existe plus.
L’anecdote récente la plus marquante que nous a racontée Monsieur Iruretagoyena concernant ses costumes de carnaval, c’est lorsque des enfants ont vu dans son déguisement d’ours traditionnel la matérialisation de chubaka tout droit sortie de l’imagination de star wars ! C’est pourquoi, nous dit-il, il est si important d’enseigner et partager son savoir aux plus jeunes également.


En vous promenant dans les différents carnavals du pays basque, vous pourrez ainsi identifier les symboles des costumes traditionnels, la raison pour laquelle les joaldunak font tinter leurs sonnailles en cœur. Du cœur à l’ouvrage dans ces rituels que nous admirons, mais ne comprenons pas forcément.
Vous l’aurez compris, déguisez-vous, jouez avec la lumière, la couleur et le bruit !
Sait-on jamais le printemps pourrait vous entendre et amener dans son sillage le retour de la lumière !

Pour découvrir leur travail et admirer les costumes lors des diverses manifestations culturelles, toute l’ actualité de la compagnie Maritzuli est à suivre sur leur page Facebook juste ici : Maritzuli Konpainia .